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Podcast - Bookmakers - Mohamed Mbougar Sarr - 1/3 Mohamed compte triple

Un film de Richard Gaitet

"Il faut surveiller ce petit." En 2014, Léonora Miano lit "La Cale", l’une des premières nouvelles d’un écrivain sénégalais de 24 ans.


Frappée par la justesse de cette évocation des horreurs de la traite négrière qu’on croirait échappée d’un recueil de Conrad, la romancière franco-camerounaise formule un avertissement qui a l’épaisseur, aujourd’hui, d’une prophétie. Il fallait garder un œil, oh que oui, sur Mohamed Mbougar Sarr, fils de médecin, fan de foot et champion de Scrabble, dévoreur de dictionnaires, “fruit du croisement” d’au moins deux spiritualités : d’un côté, sa culture musulmane, de l’autre la culture sérère de son enfance, du nom de cette ethnie qui rassemble environ 20 % de la population du Sénégal. Un peuple essentiellement agricole, dit-il, “structuré autour d’une tradition animiste liée aux rites de passage et attentive aux ancêtres, au prochain, à l’hospitalité”.

Mais qui est donc ce jeune vieux sage à l’éloquence élégante, que la France découvre en novembre 2021 – lorsque celui-ci reçoit, à 31 ans, le Goncourt pour son quatrième roman, La plus secrète mémoire des hommes ? Quel fut le parcours de ce modeste étudiant qui parle, depuis ses 6 ans, le sérère, le wolof (langue vernaculaire du Sénégal) et le français ? “Lorsque j’écris, explique-t-il, je dois transposer en français l’imaginaire de ma langue maternelle. Je ne traduis pas d’une langue à l’autre, mais d’un imaginaire à l’autre. Je reste donc un étranger dans la langue française, qui est un héritage de la colonisation – ce qui peut mettre très mal à l’aise. Plutôt que d’en faire une difficulté, j’ai décidé d’assumer cette condition : une aventure ambiguë”, conclue-t-il, en reprenant le titre du grand roman d’un maître et compatriote, Cheikh Hamidou Kane.

Dans ce premier épisode, partons à l’aventure dans les ambigüités fertiles de Mohamed Mbougar Sarr, du pagne de ses grands-mères à la bibliothèque du lycée militaire de Saint-Louis, jusqu’à son arrivée dans l’Oise, sa thèse abandonnée sur les débuts de la littérature postcoloniale en Afrique francophone, et… un blog, qui fut la serre de sa vocation, la serre de Sarr.



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