Au sommet du pouvoir, des amis comme François Mitterrand et Pierre Mauroy, des compagnons de route à l'instar de Jacques Chirac et Alain Juppé. Pour Michel Rocard, l'éternel adversaire politique de François Mitterrand, “l'alchimie d'écoute mutuelle et de tolérance mutuelle (…) est propre à chaque binôme, il n'y a pas de règles”. Et puis il y a ceux qui gardent leurs distances. 

Ces relations soulèvent une question : le Premier ministre est-il assujetti au président ? Les interprétations divergent et la Constitution laisse un vide. Point d'orgue et symbole du pouvoir : le Conseil des ministres. Pourtant, les décisions sont prises par le président et le Premier ministre avant le rituel du mercredi matin. Eux seuls déterminent l'ordre du jour. Le Premier ministre doit imposer sa ligne aux hommes et aux femmes du gouvernement, une quarantaine environ et autant de personnalités, d'ambitions. Là encore, rivalités et luttes de pouvoir vont bon train. Tous les coups sont permis. Un classique : le court-circuit, qui consiste pour les ministres à s'adresser directement au président. Edith Cresson dénonce “un système pervers”. 

Et puis, tentation ultime : briguer la place du président. Mais un Premier ministre peut-il devenir président ? Les Premiers ministres de France témoigner chacun d'une expérience sans pareille : “l'enfer de Matignon”. Pierre Messmer, Raymond Barre, Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Michel Rocard, Edith Cresson, Edouard Balladur, Alain Juppé, Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, François Fillon, tous ont donné leur accord.