Un siècle après la mort de Jean Jaurès, nul n’hésite plus aujourd’hui à saluer sa mémoire, et tous les camps politiques s'en réclament. Cette étrange unanimité occulte la véritable stature du député socialiste de Carmaux fondateur de L'Humanité, dont les combats et la pensée ont suscité de son vivant autant de haine que d'enthousiasme. Avec le réalisateur Bernard George, l'historien Jean-Noël Jeanneney entreprend de les faire revivre dans toute leur force, pour montrer combien ils restent aujourd'hui d'une vibrante actualité. Ce portrait biographique et politique se nourrit des écrits et des discours de Jaurès, et d'entretiens avec de fins connaisseurs de l'homme et de son œuvre : les anciens ministres socialistes Robert Badinter et Vincent Peillon, l'historien Michel Winock, la juriste Mireille Delmas-Marty, son successeur à la tête de L'Humanité Patrick Le Hyaric…

Éloquence
Le film restitue la personnalité d’un homme de chair et de sang, dominant de toute sa stature les affrontements violents de son temps. Et rappelle le terrible épilogue de son assassinat qui, le 31 juillet 1914, va entraîner l'adhésion du Bloc des gauches à l'entrée en guerre. Ce mélange d'analyse politique et de faits biographiques éloquents redonne vie à la personne occultée au fil du temps par le grand homme. Il permet aussi de constater que, sur bien des points, le combat de Jean Jaurès "pour que l'humanité soit plus humaine", selon Robert Badinter, résonne pleinement au présent, parfois de façon révolutionnaire. Défense farouche des opprimés, rôle de l’école pour niveler les inégalités sociales, refus des perversités de la raison d’État, place de l’armée dans la nation, rôle de la puissance publique pour dominer le marché, capacité des hommes à refouler les barbaries de la guerre… : les mots de ce formidable orateur, avec son rejet de toute fatalité, sa foi dans l'énergie collective et son engagement personnel, gardent une énergie intacte.