Sorti au cinéma en 2011, le documentaire Nous, princesses de Clèves donnait la parole à une quinzaine d'élèves, filles et garçons, du lycée Denis-Diderot, dans les quartiers nord de Marseille, et à leur professeure de français, avec comme fil rouge le roman de Mme de Lafayette, dont Nicolas Sarkozy s'était moqué quelques années plus tôt en le jugeant inutile et peu accessible. Le réalisateur a voulu retrouver dix ans après ces filles et ces garçons qu'il avait laissés au seuil de leur vie adulte, bac en poche ou pas, partagés entre l'espoir et la peur de l'avenir avec, déjà, une conscience aiguë de l'inégalité des chances.

En douceur
Virginie, devenue mère à 20 ans, a repris ses études pour devenir laborantine et se promet que son petit Lewis ne sera pas en échec scolaire. Albert, finalement, a renoncé à partir à Paris vivre son histoire d’amour avec un garçon, et après d'heureuses années chez McDo, travaille comme moniteur d’auto-école, tandis que Cadiatou, elle, cherche sa voie avec optimisme dans la capitale. Quant à Laura, elle a décroché sa thèse en pharmacie avec les félicitations du jury… Saisissant avec sincérité et profondeur cette occasion de plonger en eux-mêmes, ces trentenaires démentent en douceur les clichés si répandus qui assignent la jeunesse des quartiers populaires au désespoir et à l'échec. Confrontant leurs confessions avec de touchants extraits de son précédent film, qui rendent palpable le passage du temps, avec ses blessures et ses victoires, Régis Sauder fait résonner en chacun de nous leurs récits sensibles.