En 2017, le département de Seine-Saint-Denis propose à Claire Doutriaux -créatrice de l’émission hebdomadaire d’ARTE Karambolage- d’être pour une année scolaire "journaliste en résidence" dans une classe de 4ème du collège Fabien de Saint-Denis, en banlieue parisienne.

Dans ce collège, les élèves sont pour la quasi-totalité issus de ce qu’il est convenu d’appeler "la diversité". La plupart des parents sont originaires du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne mais aussi d’Inde, du Bangladesh, des Antilles françaises, de la Réunion, du Portugal du Kosovo ou de Turquie.

Claire Doutriaux leur propose de choisir un objet issu de la culture de leurs parents, et qui leur plaise. Les élèves effectuent des recherches sur cet objet. Et si pour certains d’entre eux le choix est facile à faire, pour beaucoup, ce choix devient un travail en soi car ils ne sont pas toujours conscients de leurs deux cultures.

Le travail de recherche et d’écriture sur l’histoire de "son" objet se fait sous l’égide commune de leur professeur de français Maxim Kaba et de la réalisatrice Claire Doutriaux. Puis, chacun retravaille le texte avec la réalisatrice pour mettre en évidence son rapport personnel avec l’objet. Face caméra, chacun d’entre eux nous parle de son objet, nous le montre et nous raconte le lien qui l’unit à celui-ci.

Et du pilon réunionnais à la fleur de lotus bangladaise, du pagne sénégalais au börek kosovar, du fennec algérien à la canne à sucre martiniquaise, les séquences s’enchaînent comme un voyage à travers le monde, à travers les cultures, auquel ces enfants nous convient. Où l’on voit aussi que certains jonglent avec aisance entre leurs deux cultures, tandis que cette symbiose semble plus difficile à faire pour d’autres.

La façon dont ils nous offrent ce bout de leur réalité, en nous interpellant parfois, contribue à donner une grande présence à ces portraits sincères, parfois graves et émouvants, souvent gais et plein d’humour.

C’est aussi pour le spectateur l’occasion d’entrer dans la culture de jeunes que l’on côtoie sans jamais vraiment les connaître. Celui-ci apprend plein de choses, il est confronté à des langues dont il ne savait même pas qu’elles existaient, il est surpris de voir ces élèves quasiment tous bilingues quand ce n’est pas trilingues…

Comme le disait l’une des élèves, on aurait pu appeler ce film Regardez-nous, aimez-nous, soyons nous.