En 1968 et 1969, alors qu'au sud-Viêtnam, les États-Unis s'engagent de plus en plus massivement dans la guerre, une vague de contestation déferle sur la planète. Dans des pays aussi différents que les vieilles nations européennes et japonaise, les États-Unis, le Mexique, le Brésil sous dictature militaire, la Tchécoslovaquie communiste ou le Zaïre de Mobutu, la jeunesse étudiante constitue souvent le fer de lance de cette révolte multiforme et globale.
Alors que les atrocités perpétrées contre les populations civiles vietnamiennes par la puissance américaine – au nom de la défense de la liberté et de la démocratie –, jouent un rôle déclencheur, de multiples facteurs, comme le combat pour les droits civiques des Noirs et le mouvement hippie aux États-Unis, le poids de la tutelle soviétique à Prague ou la dénazification inachevée de la RFA cristallisent aussi la révolte. Partout, la génération issue de la Seconde Guerre mondiale descend dans la rue pour rejeter les modèles politiques, économiques et familiaux qu'on lui enjoint de reproduire. Dans ce maelström d'événements, les deux mois de troubles et de grèves qui, de Paris, gagnent toute la France, semblent presque anecdotiques.
Ayant vécu à Paris ce que l'on appelle alors les "événements", le réalisateur britannique Don Kent a choisi d'élargir son champ de vision pour évoquer Mai 68. Celui qui était alors étudiant à l'Idhec, l'école de cinéma, se fait le narrateur modeste d'un voyage impressionniste à travers le monde, non sans rendre hommage à ses anciens condisciples en mêlant aux riches, et parfois rares, archives du film certaines de leurs images devenues fameuses (une séquence de La reprise du travail aux usines Wonder). Sans prétendre penser un mouvement déjà analysé tant de fois, et dont l'héritage continue de diviser, il donne la parole à une foule de témoins, aussi divers que pertinents, rencontrés du Brésil au Japon, de la Californie à l'Italie. Certains sont célèbres internationalement (l'ex-guérillera et présidente brésilienne Dilma Rousseff, les philosophes Régis Debray, Toni Negri et Judith Butler, l'ex-Panthère noire Kathleen Cleaver, les écrivains Hélène Cixous, Erri De Luca, Alain Mabanckou et Viet Thanh Nguyen, l'ancien batteur des Doors John Densmore…), d'autres beaucoup moins, à l'instar de ces extraordinaires activistes japonaises (l'une pacifiste, l'autre féministe), animées d'une foi restée intacte au fil du demi-siècle.
Quarante ans après Chris Marker (Le fond de l'air est rouge, 1977), Don Kent fait revivre ce basculement planétaire en évitant l'hommage commémoratif empesé. Car il ne cesse de bifurquer avec ses interlocuteurs dans des directions inattendues, au gré de rafraîchissants pas de côté. Par exemple, quelques notes de Bach égrenées par la pianiste chinoise Zhu Xiao-Mei, rescapée de la Révolution culturelle, un ahurissant diagramme politique esquissé par le ludion brésilien Tom Zé, ou l'amertume obscurément touchante de l'écrivain américain David Horowitz, ex-gauchiste radical reconverti en néoconservateur…
Amérique - Amérique latine - Amérique centrale - Indes occidentales - Antilles - Cuba
politique - résistance politique
Amérique - Amérique latine - Amérique du Sud - Brésil
politique - liberté d’expression
Europe - Europe de l’Ouest - France
République fédérale d’Allemagne (1949-1990) - mouvement étudiant
Extraits disponibles :
Version française
2016, 90 min
Couleur, 16/9, Stéréo
Version française avec transcription et avec sous-titres sourds et malentendants , Version allemande , Version anglaise avec transcription
A2
B1
B2
C1
Réalisateur : Don Kent
Producteurs : Artline Films
Nationalité : France