En 1989, le film de Denis Amar Hiver 54, l'abbé Pierre, avec Lambert Wilson dans le rôle-titre, se tourne sous le regard de celui qui l'a inspiré. S'il reste un mythe français près de quinze ans après sa mort, survenue en 2007, le parcours extraordinaire du fondateur des Compagnons d'Emmaüs s'est en partie effacé derrière sa légende. Une célébrité qu'il disait encombrante ("J'ai reçu assez de compliments pour assommer un hippopotame"), mais dont il sut tirer parti pour son combat en faveur des plus démunis. Moine franciscain à 19 ans, prêtre résistant à 28, il sera aussi député de 1945 à 1951. Son indemnité parlementaire lui permet alors d'accueillir, dans sa demeure à Neuilly-Plaisance, en région parisienne, puis sur des terrains achetés, des laissés-pour-compte qui bâtiront avec lui, souvent hors de toute légalité, des maisons de fortune pour des milliers de familles sans-abri ou logées dans des taudis. À l'hiver 1954, un bébé de 3 mois puis une vieille dame expulsée de chez elle meurent de froid dans la rue. L’abbé Pierre lance alors sur les ondes de Radio Luxembourg son appel à "l'insurrection de la bonté", qui suscite en réponse un immense élan populaire, avec à la clé 500 millions de francs de dons et les mesures d'urgence qu'il avait sollicitées en vain des gouvernements successifs…

La série : À travers la collection D'après une histoire vraie, Philippe Collin (Personne ne bouge !) propose de revenir aux sources d'histoires méconnues, dont le cinéma s’est emparé. Du combat de l'abbé Pierre, qui renvoie de façon saisissante aux mal-logés du présent, aux luttes des ouvrières de l'automobile de Dagenham, du militant pour les droits des homosexuels Mark Ashton à Lucie Aubrac, les huit épisodes de la collection rappellent que la résistance individuelle peut devenir l'affaire de tous.